La Femme au miroir : E.E. Schmitt
*Anne vit à Bruges à la sortie du Moyen-Âge. Promise à Philippe pour lequel elle n’éprouve aucun penchant, elle va profiter d’une diversion lors des préparatifs du mariage pour s’enfuir dans la forêt où elle rencontrera le moine vagabond Braindor, Anne voue sa passion à la Nature dans laquelle elle se fond. Son âme ardente cherche par là à s’oublier pour rejoindre plus grand qu’elle, cette Nature à laquelle elle parle comme les grands mystiques parlent de Dieu.
Anne vit dans et de la vérité, mais le monde exècre la vérité…
*Hanna contracte un brillant mariage qui la propulse dans la Vienne de Freud. Bien qu’elle se fonde dans les attentes de cette union qui la veut hôtesse accomplie et porteuse d’une descendance mâle, un malaise grandissant et des symptômes importants la rappellent à sa vérité. C’est par la voie de la psychanalyse qu’Hanna, renonçant à ses rôles et mensonges, se dépouillant de ses biens ainsi que d’elle-même, rejoindra Anne de Bruges et sa vérité.
*Anny vit à notre époque et se laisse entièrement happer par son consumérisme centrifuge. Usant et abusant du sexe et des drogues, elle ne retrouve quelque consistance que dans son métier d’actrice. Aussi la vérité ne s’entrouvrira pour elle que de façon latérale et aléatoire…
Commentaire
Ce roman est un chef d’œuvre non seulement par son écriture remarquable mais surtout par les thèmes qu’il développe : Il donne à voir comment l’accès à la vérité s’est opacifié au cours des siècles et comment le monde s’est, selon le même tempo, désenchanté.
Et puis il nous parle d’une orientation oubliée de nos jours, celle de la voie mystique. Non pas ce faux mysticisme dont se pare la dame « Du domaine des murmures » qui n’est que narcissisme farci de visions et d’oracles, mais le véritable mysticisme qui est abnégation, oubli de soi et retrait de soi pour laisser place à l’Autre.